Dictionnaire bilingue du Droit de la Régulation et de la Compliance

L’asymétrie est une notion clé de la régulation. En effet, un marché concurrentiel fonctionne bien lorsque les opérateurs sont dans des relations symétriques, c'est-à-dire qu’il n’existe pas d’obstacle structurel qui empêche un agent d’accroître sa puissance à ses seuls mérites (« concurrence par les mérites »). S’il existe une asymétrie, par exemple parce que un secteur était monopolistique et que le législateur vient juste de le déclarer ouvert à la concurrence, il existe une asymétrie, certes temporaire, entre les entreprises installées, les opérateurs historiques, et les entreprises désireuses d’entrer dans ce nouveau marché, les « nouveaux entrants ». Les opérateurs historiques, comme le secteur des télécommunications ou de l’énergie lorsqu’ils furent ouverts à la concurrence par des directive européennes, transposées par des lois nationales (en 1996 pour les télécommunication et le gaz, en 2000 pour l’électricité), bénéficient d’un tel avantage (que l’on désigne parfois comme avantage du grand-père, grandfather clause), notamment parce qu’ils ont tous les clients ou tout le savoir-faire ou tous les brevets, et que de fait, les potentiels concurrents ne peuvent pas entrer sur le marché. Il faut alors établir un régulateur lui aussi a priori temporaire pour établir au forceps la concurrence, par une régulation asymétrique.

La régulation asymétrique, particulièrement appliquée en Grande Bretagne à l’époque de la libéralisation des secteurs précités, signifie que le régulateur va systématiquement favoriser les nouveaux entrants, par exemple en dépossédant les opérateurs historiques à leur bénéfice pour leur faire place sur le marché. Aujourd’hui, dans le secteur des télécommunications, la concurrence, notamment sur les mobiles, est établie, mais le régulateur n’entend pas laisser sa place pour disparaitre et soutient aujourd’hui faire de la « régulation symétrique »… . Il agit alors plutôt comme une autorité de la concurrence spécialisée.

 

L’asymétrie peut être non pas temporaire mais définitive, lorsque l’inégalité entre opérateurs, indépendamment de leur mérite, ne vient pas d’un contexte de libéralisation mais d’une défaillance structurelle du marché. Par exemple, il existe des réseaux de transport, transports de personnes ou de marchandises, chemins de fer ou piste d’atterrissage pour les avions, réseaux de transmission de communication des données ou de la voix, tuyaux où circulent le gaz ou l’électricité etc., qui appartiennent à un seul opérateur car ils constituent des monopoles économiquement naturels. Dans ces conditions, les concurrents de celui qui détient ce monopole doivent néanmoins accéder dans des conditions équitables et efficaces à ce service et un régulateur doit nécessairement être établi pour l’effectivité de ce droit (v. Accès).

Par ailleurs, le prix Nobel de Joseph Stiglitz (2001) a été justifié par ses travaux sur l’asymétrie d’information sur certains marchés, notamment les marchés financiers sur lesquels les sociétés proposent des titres. A travers la théorie de l’agence, il ressort que les simples associés ou les investisseurs ordinaires ont moins d’information que les managers, alors même que ceux-ci ont pour fonction de prendre des décisions qui rapportent le plus aux premiers. Mais l’asymétrie d’information offre aux managers une « rente informationnelle » qui leur permet de s’offrir de très nombreux avantages et de transférer sur les autres les risques. Il faut donc des régulateurs, notamment des régulateurs bancaires et financiers, pour lutter contre l’asymétrie d’information. La transparence est l’un des moyens procéduraux pour lutter contre cette asymétrie. La crise financière et bancaire de 2008 a montré l’ampleur de cette asymétrie et de fait, l’incapacité des régulateurs à y remédier puisque par exemple, le gouvernement britannique a estimé en 2010 que c’était le régulateur financier lui-même qui était responsable de la crise pour n’avoir pas assez veillé aux conflits d’intérêts. D'une façon générale, la crise financière mondiale a souvent été qualifiée plus tard de crise avérée des régulateurs et de la régulation.

Mise à jour : 19 septembre 2012 (Rédaction initiale : 25 mai 2012 )

Analyses Sectorielles

Main information

The Italian upper administrative court (“Consiglio di Stato”) ruled that the Autorità per le garanzie nelle comunicazioni (“AgCom” – the Italian Regulatory Authority for electronic communications) is not bound to provide a rigorous justification when issuing decisions not compliant with European Commission’s comments. This judgment is of general interest since, on the basis of a formalistic reasoning, it does not pay adequate attention to the role played by the European Commission in electronic communications’ regulatory proceedings at national level. Under the European regulatory framework (and the multilevel governance system established therein), comments from the European Commission are the main pillar of the horizontal coordination system between the European level and the national level, aimed at creating a competitive common market for electronic communications.

Mise à jour : 9 mai 2012 (Rédaction initiale : 25 avril 2012 )

Sur le vif

The French telecommunications and postal regulator (ARCEP ­– Autorité de regulation des communications électroniques et des postes) has prepared a project of pricing of mobile call termination, that is to say the amount that an operator must pay to reach another user. Thus, when a subscriber of Orange mobile calls a subscriber of Free mobile, Orange gives money to Free. Inversely, when a subscriber of Free mobile calls a user of Orange mobile, Free gives money to Orange. The regulator notes that Free mobile, new entrant, have less subscribers than the three operators, and will therefore receive less money than the others. It's the reason why, it justify to his advantage a temporarily higher pricing, the time it finds its place in the competitive market of mobile phone. On April 12, 2012, the European Commission publicly expressed that the principle of an asymmetric pricing policy is insufficient. The French telecommunications and postal regulator (ARCEP – Autorité de regulation des communications électroniques et des postes) has responded by standing that the principle of asymmetrical pricing was not sufficient and that justifications will be provided.